Numéro 6 : October, 2013
ISBN : 9782749239170
L’oralité humaine dépasse largement l’oralité nutritionnelle et recouvre un champ bien plus large que la simple utilité fonctionnelle de la bouche. L’oralité est ainsi à l’interface du somatique et du psychique, de l’acte et de la parole, au carrefour des différents courants pulsionnels, et constitue une ouverture entre le dedans et le dehors. Elle est surtout ce qui fait fondamentalement lien, ce qui met en relation à l’autre et au monde. L’oralité est donc tout autant indispensable à notre survie physiologique qu’à notre survie psychique, en ce qu’elle nous inscrit dans le maillage relationnel de la communauté des hommes. Elle fonde ainsi le tout premier rapport au monde, étaye la sexualité infantile, et soutient toute entière la question identitaire en ce qu’elle constitue dès l’origine le soubassement des réseaux identificatoires. La digestion, physiologique tout autant que psychologique, permettra au fil du développement de ne pas seulement incorporer, d’avaler tout rond pourrait-on dire, mais elle soutiendra tout le processus d’appropriation qui transforme le non-moi en moi, le corps étranger en partie intégrante de soi. De l’oralité primaire à l’oralité secondaire nous quittons l’incorporation pour les processus plus complexes de l’introjection.
Le retrait, la fixation ou la mise hors jeu d’une oralité opérante, ses dysfonctionnements majeurs sont donc les premiers stigmates d’une difficulté majeure de l’individu à être avec lui-même et avec les autres. Refuser de manger, ou ne faire plus que se remplir sans se nourrir, c’est attaquer les liens de quelque nature que ce soit (physiologique, psychique, relationnel), c’est refuser la relation mesurée à l’autre, c’est craindre, côté pile l’intrusion, l’envahissement, et côté face le vide de la solitude, c’est se donner l’illusion d’une autonomie rassurante, se faire croire que l’on a besoin de rien, ni de personne. C’est souvent avoir peur de ce qui attend, tout autant qu’une nostalgie de ce qui a été. C’est rompre la relation dans tous les cas, parce que l’on a peur de grandir, ou parce que l’on va mourir, ou parce que l’on craint de vieillir… Lorsque l’oralité est troublée, c’est tout autant le corps qui agonise, que la vie psychique, que l’ouverture à l’autre. Les désordres de l’oralité aux différents âges de la vie signent le plus souvent une impasse existentielle de premier ordre. Comment les institutions et les professionnels accompagnent-ils cela ? Quelles réponses apporter aux désordres de l’oralité ? Comment accompagne-t-on la reprise d’une fonction orale opérante mais aussi le sevrage qui est corollaire au moment de la sortie ?
Cécile ANTIGNY, Guillemette BALSAN, Linda BENATTAR, Nathalie BOIGE, Agnes BONNET, Thomas CASCALES, Colette COMBE, Gerard CUVELIER, Ophélie ENGASSER, Agnes GIBOREAU, Patrice HUERRE, Francis KATCHADOURIAN, Veronique LAURENT, Marie LE FOURN, Sylvain MISSONNIER, Luc MONNE DAO, Viriginie POUYET, Anna REGOL
LETTRE DE PATRICK DE SAINT JACOB
INTRODUCTION
TRAVERSEES CLINIQUES
VARIATIONS THERAPEUTIQUES
REFLEXIONS TRANSVERSALES
LECTURES