Colloques

Histoires et récits en clinique institutionnelle

 

 Théâtre Déjazet

Depuis toujours les gens se racontent des histoires pour tenter de donner du sens aux énigmes de l’existence : de l’énigme des origines aux différences entre les êtres et à la finitude du temps. C’était la fonction originelle des mythes, contes et légendes de tradition orale : construire, imaginer et transmettre des récits au fil des générations sont autant de possibles réponses aux questions existentielles. Témoigner des événements passés et de son histoire invite aussi l’humanité à ne pas reproduire les mêmes événements malheureux. Et c’est un des intérêts du processus réflexif de la psychothérapie : en revenant sur son histoire, le sujet éclaire peu à peu les pièges de la répétition. En outre la trame du récit n’est jamais bâtie une fois pour toutes, elle se construit et se déconstruit tout au long d’une thérapie, tout au long de la vie.

La mise en récit de l’histoire du sujet est consubstantielle des pratiques de soins. Elle lie le sensoriel, le perceptif, le langage et l’affect, elle organise notre rapport au temps en contribuant à la création d’un passé selon la belle formule d’Aulagnier.  Mettre en récit, en d’autres termes créer une intrigue, sollicite un travail psychique qui forme des liens de causalité cohérents et une trame temporelle repérable, qui tient ensemble des morceaux de vie qui sinon demeureraient une juxtaposition événementielle brute sans signification particulière. La narrativité construit l’identité du sujet, « je suis les histoires que je me raconte sur mon histoire »  écrivait Paul Ricœur (ref). Pour autant, le processus de mise en récit ne se résume pas à la seule construction identitaire. La question « qui suis-je ? » rencontre toujours à un moment la question plus ou moins formulée : « de qui suis-je ? ». Mettre en récit son histoire ramène toujours à l’originaire et aux fantasmes inconscients qui lui sont adjoints.

L’acte narratif permet de lier l’excitation pulsionnelle et de se dégager des vécus traumatiques. « Les histoires apprivoisent le temps, domestiquent l’inattendu et permettent de transformer ce dernier en événement et non en traumatisme, l’événement faisant progresser le récit tandis que le traumatisme le rompt » (Zigante, Borghine, Golse, 2009, p.10). L’acte narratif engendre la réflexivité, un écart par rapport à soi et réinstaure de l’altérité puisqu’un récit ne vaut que d’être adressé à un autre que soi, étant entendu que cet autre peut être un autre en soi ou soi comme autre.

La clinique institutionnelle constitue presque toujours un moment de reprise et de mise en forme des histoires de vie de chacun. Pour cela, elle doit imaginer toutes sortes de dispositifs et de médiations pour s’adapter aux difficultés et aux résistances inconscientes. Encore faut-il que l’institution soit à même de se relier à son histoire, de se raconter, de transmettre ce qui la fonde et ce qui l’anime.

Ouvrages liés

Avec la participation de : Christophe Bittolo, Serge Boimare, Nayla Chidiac, Catherine Ducarre, Christophe Ferveur, Catherine Fourques, Elodie Marchin, Alexandre Morel, Charlotte Perrin-Costantino et Régine Waintrater

et aussi : Alain Braconnier, Amélie de Cazanove, Anaïs Devaux, Vassilis Kapsambelis, Marine Merrien, Philippe Robert, Maud sergent et Mariane Veilleux

Inscription


Contact

APSPI
12 rue Jean Jaurès - CS 10032
92813 PUTEAUX Cedex
06 37 54 31 61

 accueil@apspi.net

Réseaux