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Ordre et désordre de l'autorité - 24 septembre 2021 Paris Théâtre Déjazet

  Par APSPI, le


Prochain colloque de la revue Cliniques


L’autorité fait régulièrement débat dans la société. Dans l’histoire, le cours des événements semble depuis toujours influencer la manière dont va s’exprimer et être reçue l’autorité. Ainsi alternent des élans libertaires – « il est interdit d’interdire » – et des mouvements de contrôle et de reprise en main du corps social par le « pouvoir ». Ces effets de balancier traversent tout particulièrement le champ du soin, notamment la psychiatrie. Dans ce contexte, proposer une définition précise de l’autorité s’avère une tâche ardue, ne serait-ce que parce qu’elle entretient des liens avec d’autres notions telles que le pouvoir ou la liberté et qu’elle concerne de nombreuses disciplines (politique, sociologie, justice, éthique, anthropologie, etc). Quel regard peut-on porter sur ce sujet dans les institutions de soin ? L’autorité est loin de se réduire à l’usage du pouvoir ; « dès que la force même est en jeu, l’autorité cesse, comme le poids cesse dès que le corps tombe » écrivait Paul Valéry*. Le terme autorité renvoie à l’auctoritas romaine, à savoir à la qualité et à la légitimité des anciens. Le Sénat à Rome était en l’occurrence le garant des « fondations ». L’autorité est en son fondement un facteur d’humanisation, civilisateur et structurant. Ses fonctions sont constitutives de l’individu comme de la civilisation. Elle organise les mouvements pulsionnels individuels et collectifs et permet leur sublimation comme le notait Freud dans « Malaise dans la civilisation ». Un enfant ne peut grandir sans une autorité à laquelle se mesurer, sans limites auxquelles se confronter, sans quoi il se désorganise. De la même manière, une institution ne peut fonctionner sans autorité, celle-ci participant même de son essence. La référence à ce qui fait autorité n’est-elle pas fondamentalement la garantie d’un cadre, d’une loi, et surtout d’un tiers ? Dans les soins psychiques, que l’on pense au fonctionnement de nos patients ou que l’on évoque les dynamiques institutionnelles, à quelles fonctions intrapsychiques et intersubjectives l’autorité doit-elle renvoyer pour être suffisamment opérante ? Comment se manifestent ses désordres dans la clinique quotidienne, notamment celle des perversions et des cliniques aux limites, tout autant que dans les organisations institutionnelles ? En matière d’autorité, quel est le bon équilibre, le bon alliage qui prémunisse autant de la violence que de l’emprise et de la séduction ? Qui est légitime pour exercer une autorité dans une institution, quelles valeurs la sous-tendent, le savoir médical, le charisme de tel soignant ? Dans notre contexte contemporain de la santé, comment se manifeste le conflit implicite dans une institution sanitaire ou médico-sociale entre « l’autorité médicale » et « le patient acteur de ses soins » ? À cet égard, est-ce que laisser de plus en plus d’autonomie aux patients et limiter strictement les soins sous contrainte suffit à régler la question de l’autorité ? Une forme d’autorité n’est-elle pas nécessaire pour protéger les patients, pour ne pas les livrer à eux-mêmes, à des idées délirantes ou suicidaires par exemple ? L’autorité ne devient-elle pas opérante à la condition d’être exercée dans un cadre autorisant le tiers et la conflictualité et quand ses motivations implicites sont de limiter la toute-puissance pour apaiser l’excitation et la violence ? Comment en somme penser l’autorité pour qu’elle soit la condition de l’homme ou de la femme libre et non pas seulement une fin en soi ? * P. Valéry. Les principes d’anarchie pure et appliquée, Paris, Gallimard, p.59.

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