Colloques

De la perte au renoncement

 

Cette journée d'étude a été organisée en collaboration entre les membres de l'APSPI et le Collège des Psychologues

Parler du processus qui va de la perte (réelle ou psychique) au renoncement (à la charge affective qui nous liait à l’objet perdu), c’est évoquer les mouvements dynamiques d’élaboration et de deuil qui marquent l’intensité de nos investissements tout au long de la vie. Pertes, deuils et renoncements rythment l’existence depuis la naissance jusqu’à la fin de la vie et constituent des étapes fondatrices de l’identité de chaque individu, une identité faite de couches d’un vécu-perdu, de traces, de souvenirs que nous n’aurons de cesse de souhaiter retrouver.

En premier lieu, et selon le mythe de la préhistoire groupale, le renoncement à nos pulsions les plus primitives constitue sans nul doute la base de toute civilisation. Il correspond au deuil de positions toutes puissantes et à une sérieuse limitation du narcissisme primaire : on ne tue plus qui dérange, on ne marie pas n’importe laquelle de celles que l’on désire. En échange de ces renoncements,  il est dès lors possible pour l’individu d’entrer dans une communauté civilisée régie par des règles et des lois. Pertes et renoncements donc, mais contre la protection du groupe. C’est le mythe fondateur que propose Freud dans Totem et Tabou et  dans Psychologie des foules et analyse du Moi. Mais c’est au fond le même processus qui se répète chaque fois que l’on entre dans un groupe : une limitation des désirs et une perte d’un territoire contre la protection du groupe et la joie d’être plusieurs, sorti de la solitude.

Dans la préhistoire individuelle de chaque individu, c’est l’autorité paternelle qui invite au renoncement lors de la période œdipienne : l’enfant renonce au parent œdipien face à l’angoisse que suscitent l’autorité et la crainte de représailles du fait des désirs qu’il nourrit. Plus tard, l’adolescent devra, comme l’enfant qu’il fut hier, renoncer à bon nombre de positions infantiles pour devenir un adulte autonome.

Pourtant bien que les pertes et les renoncements si douloureux soient-il constituent aussi la promesse d’obtenir un gain (gain de sécurité, gain identitaire, gain d’autonomie psychique…), ils  laissent derrière eux un grand vide que le travail de deuil aura à absorber. Des pertes et des renoncements nécessaires et structurants aux pertes soudaines et imposées, on se confronte, dans un cas comme dans l’autre, au deuil, à l’absence, au manque et au vide.

Qu’elle soit perte de l’autre, perte de soi ou perte en soi, qu’elle renvoie à des deuils imposés comme c’est le cas lors de la perte d’un être cher ou dans le processus de sénescence ou à des deuils nécessaires, qu’elle soit réelle ou fantasmée, la confrontation à la perte touche l’individuel comme le collectif. Aborder la notion de perte c’est donc s’engager dans la clinique des dépressions et du deuil, du normal au pathologique.

Ce travail de deuil est plus ou moins facilité ou entravé en fonction de la résonnance en chacun de l'épreuve de la perte c'est-à-dire en fonction de son histoire et de son fonctionnement psychique. Ainsi, de la tristesse à la douleur intense, de l'agrippement désespéré à l'objet perdu au possible renoncement, la traversée de cette épreuve se décline de diverses façons et montre de multiples visages cliniques et formes psychopathologiques.

Chaque perte est une véritable épreuve de réalité qui confronte le sujet à une dissonance entre ce qu’il était et ce qu’il est aujourd’hui. L’écart se creuse entre ce qui est nouvellement perçu et ce qui reste en mémoire au creux de la vie psychique sous forme de traces et de représentations. On comprend dès lors que transitoirement la perte génère une discontinuité entre le perceptif et le psychique et le risque d’une désorganisation dans le sentiment continu d’existence.

Comment le sujet fait-il face à l’épreuve de la perte ? C’est ce que les différentes tables rondes vont tenter d’explorer…

Face à la perte : la dépression ?

Face à la perte : le substitut addictif ?

Face à la perte : le discours de souffrance ?

Face à la perte qu’impose le vieillissement : une nouvelle identité à construire ?

Face à la perte : les dérives et errances identitaires ?

Face à la perte : accompagner les équipes confrontées au deuil en institution ?

Face à la perte : se souvenir pour retrouver une continuité d’existence ?

Face à la perte : comment l’institution et ses protagonistes se préparent à la séparation ?

PROGRAMME

Jeudi 11 Octobre

« Face à la perte: la dépression ou les dépressions? » - Catherine Chabert

14h35 - 16h15

Face à la perte: le substitut addictif - Table ronde animée par le Docteur Patrice Huerre

« Au risque de tout perdre : problématique de la perte et du renoncement dans l’alcoolisme » -  Valérie Blanc et Pierre Gaudriault

« De la perte au renoncement, une thérapeutique de l’alcoolisme » - Stéphane Déroche

« Le travail avec les familles au CSAPA Monceau : pertes ambiguës, liens ambigus et addictions », Nathalie Duriez

16h45 - 18h30

Face à la perte: le discours de souffrance, entre douleur et dépression - Table ronde animée par Elisabeth Ferreira

« Clinique du discours de souffrance dans la maladie d’Alzheimer » - André Quadéri

 « Le Projet de Vie Individuel, une voie élaborative possible de la dépression chez le sujet âgé institutionnalisé » -  Carine Gibowski,

« Vécus de perte chez les patients douloureux chroniques» - Alain Zanger

Vendredi 12 Octobre

9h15 - 10h45

 Face à la perte qu’impose le vieillissement: une nouvelle identité à construire - Table ronde animée par Garance Belamich

« Un “Chez-soi“ en EHPAD » - Elisabeth Ferreira

« Perte identitaire et démence: à la recherche de soi. Témoignage clinique à partir du cas d'une patiente de 91 ans » - Catherine Fourques

« Renoncement ou renaissance du soi du sujet âgé » - Vanessa Roumilhac et Nadège Kafoa

11h15 - 12h00

Face à la perte: les dérives et errances identitaires - Modératrice Charlotte Costantino

« Perdre et se perdre : travail de groupe avec les patients psychotiques au long cours » - Anastasia Toliou

Face à la perte: accompagner les équipes confrontées au deuil en institution - Coordination du Collège des Psychologues

14h00 - 15h00

Face à la perte: se souvenir pour retrouver une continuité d’existence - Table ronde animée par Julie Platiau et Catherine Ducarre

« Un groupe à médiation olfactive en milieu carcéral » - Herminie Bracq-Leca

« Fonction de la remémoration dans le processus de renoncement: il y a tant à perdre à l’adolescence » - Charlotte Costantino et Garance Belamich

15h00 - 16h15

Face à la perte: comment l’institution se prépare à la séparation - Table ronde animée par Anais Devaux

«  Destins de la perte en Institution : quels enjeux pour les patients, le groupe et les cliniciens » - Anaïs Restivo Martin et Vincent Charazac

« Espoirs et désespoirs du clinicien. À partir du départ de Mme B., réflexion sur les enjeux transfero - contre-transférentiels » - Morgane Billard et Lise Mallaret

LES INTERVENANTS

 

Monsieur Patrick de Saint-Jacob - Directeur de la Division Psychiatrie CLINEA

Madame Charlotte Costantino - Psychologue, Psychanalyste SPP, Clinique CLINEA Villa des Pages, Coordinatrice Collège des Psychologues CLINEA-ORPEA

Docteur Patrice Huerre - Pédopsychiatre Psychanalyste, médecin coordinateur des unités de pédopsychiatrie Division Psychiatrie CLINEA

Madame Catherine Chabert - Professeur de psychologie clinique et psychopathologie à l'université Paris 5 - Descartes, psychologue clinicienne, psychanalyste APF

Madame Valérie Blanc - Psychologue clinicienne, CAP 14, CSAPA (75), ANPAA.

Monsieur Pierre Gaudriault - Psychologue clinicien, CAP 14, CSAPA (75), ANPAA.

Madame Nathalie Duriez - Psychologue clinicienne, Centre de thérapie familiale Monceau (75), CSAPA Monceau, Maître de conférences en psychologie clinique à l’IED-Université Paris VIII

Monsieur Stéphane Déroche - Psychologue clinicien, Centre Hospitalier de Mulhouse (68)

Monsieur André Quaderi - Psychologue clinicien en EPHAD, Maître de conférences en psychopathologie Clinique, Université Nice Sophia Antipolis

Monsieur Alain Zanger - Psychologue clinicien, Clinique SSR CLINEA Les Glénan (29)

Madame Anastasia Toliou - Psychologue clinicienne, ASM 13 (75)

Madame Herminie Bracq-Leca - Psychologue clinicienne, Service Médico-Psychologique Régional des prisons de Lyon, Centre Hospitalier Le Vinatier Pôle Santé Mentale des Détenus Psychiatrie Légale, Maison d'arrêt Corbas unité adulte et Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs unité adolescent (69)

Madame Garance Belamich - Psychologue clinicienne, Clinique CLINEA Villa des Pages (78), Référente Psychiatrie Collège des Psychologues CLINEA-ORPEA

Madame Carine Gibowski - Psychologue clinicienne, Résidence ORPEA Les Jardins d’Inès (06)

Madame Morgane Billard - Psychologue clinicienne, clinique psychiatrique CLINEA d’Orgemont (95)

Madame Lise Mallaret - Psychologue clinicienne, clinique psychiatrique CLINEA d’Orgemont (95)

Madame Anaïs Restivo Martin - Psychologue clinicienne, clinique psychiatrique CLINEA La Chavannerie (69)

Monsieur Vincent Charazac  - Psychologue clinicien, clinique psychiatrique CLINEA La Chavannerie (69)

Madame Vanessa Roumilhac - Psychologue clinicienne, Résidence ORPEA Les Noues, Montereau-Fault-Yonne (77)

Madame Nadège Kafoa - Psychologue clinicienne, Résidence ORPEA Paul Claudel, Fère en Tardenois (02)

Madame Catherine Fourques - Psychologue clinicienne, Résidence ORPEA Klarene (77)

Madame Anais Devaux - Psychologue clinicienne, Clinique CLINEA Villa des Pages (78), Référente Psychiatrie Collège des Psychologues CLINEA-ORPEA

Madame Catherine Ducarre - Psychologue clinicienne, clinique psychiatrique CLINEA d’Orgemont (95)

Madame Julie Platiau - Psychologue Clinicienne, Référente Psychiatrie Collège des Psychologues CLINEA-ORPEA

Madame Élisabeth Ferreira - Psychologue clinicienne, Résidence ORPEA Village Retraite Saint-Rémy-Lès-Chevreuse (78), Référente Gériatrie Collège des Psychologues CLINEA-ORPEA

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